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Antibes.
Peintre, dessinateur, auteur, conférencier, pédagogue : Alain Biancheri est de ces artistes rares qui refusent les frontières entre les disciplines. Depuis plus de quarante ans, cet Antibois natif de la Côte d’Azur explore le corps, la matière et la mémoire avec une même curiosité érudite. Loin des modes et des académismes, il forge une œuvre personnelle, vibrante, souvent déroutante, où dialoguent histoire de l’art, cultures du monde, fragments d’affiches urbaines, silhouettes renaissantes et modernité brute.
Diplômé de l’agrégation d’arts plastiques à Paris au début des années 1980, puis titulaire d’un DEA en Sciences de la Communication, Alain Biancheri entame sa carrière comme enseignant. Au lycée Estienne d’Orves, il marque durablement plusieurs générations d’élèves par une pédagogie à la fois rigoureuse et joyeuse — un art de transmettre qui deviendra l’une de ses signatures.
Parallèlement à ses cours, il anime une galerie d’art interne à l’établissement, offrant un espace d’exposition à la jeune création comme aux démarches installées. Très tôt, Biancheri rappelle que l’art ne doit pas seulement être étudié : il doit être vécu, montré, discuté, débattu.
Auteur de plusieurs ouvrages consacrés aux arts plastiques et à la compréhension des pratiques contemporaines, Biancheri développe une réflexion où se croisent histoire, analyse, pédagogie et vulgarisation intelligente.
Ses essais — dont Les Arts plastiques au XXe siècle ou encore Questions essentielles sur les arts plastiques — se sont imposés comme des références accessibles aux étudiants, enseignants et curieux d’art.
Il consacre également plusieurs travaux à l’École de Nice et au Nouveau Réalisme, revisitant les gestes fondateurs de ce mouvement azuréen qui a marqué l’histoire de l’art international. Une manière pour lui d’inscrire sa propre démarche dans un territoire artistique et intellectuel qu’il connaît intimement.
Aujourd’hui, retiré de l’enseignement, Alain Biancheri se consacre pleinement à la peinture et au dessin dans son atelier antibois. Loin de se figer dans une technique unique, il multiplie les approches :
Le corps est son terrain de prédilection. Une matière à la fois intime, symbolique et universelle. Biancheri y projette l’histoire de l’art, les influences cubaines de ses voyages, les fantômes des théâtres antiques comme la violence douce des fragments publicitaires qui envahissent nos villes.
Son style ne cesse d’évoluer : il juxtapose, découpe, superpose, revisite. Le regard se promène dans un espace où chaque élément semble à la fois précis et fugace — un équilibre fragile que l’artiste cultive avec maîtrise.
Sa carrière est ponctuée d’expositions régulières, souvent organisées dans des lieux de proximité où la convivialité compte autant que l’accrochage. Parmi les événements récents, Les Nus Connus — présenté dans son propre jardin — a marqué les esprits par son ambiance chaleureuse et son audace esthétique.
Il expose également à l’occasion de salons et événements régionaux, notamment au sein d’initiatives culturelles bénévoles qu’il soutient activement. Pour lui, l’art doit circuler autant que les idées.
Alain Biancheri voyage régulièrement, notamment à Cuba où il puise une énergie artistique singulière : couleurs, rythmes, sensualité, humanité. Il y donne conférences et ateliers, cherchant à tisser des ponts entre cultures plutôt qu’à importer un modèle occidental figé.
À Antibes, il s’implique dans la vie culturelle locale, notamment via l’association ARTibes, qui propose sorties, visites d’exposition et rencontres artistiques. Là encore, Biancheri incarne cette idée simple : l’art est un partage, pas un monument.
Dans un paysage artistique parfois dominé par l’ego ou la spéculation, Alain Biancheri fait figure d’exception.
Il peint comme on questionne. Il dessine comme on cherche. Il écrit comme on transmet.
Son œuvre est un pont entre la tradition et le présent, l’intime et l’universel, l’analyse et l’instinct.
Elle parle du corps, mais aussi du temps. De la vie quotidienne comme des mythes fondateurs. Des papiers arrachés dans la rue comme des modèles antiques sculptés dans la mémoire collective.
